Tranh Son-Mai
La laque est considérée comme l'un des matériaux majeurs de la peinture vietnamienne ; il en existe deux sortes :
- La classique et traditionnelle laque noire, réputée
pour sa sobriété et son élégance,
- La laque de couleurs, plus chatoyante, plus riche et innovante que la
première.
La laque brute, de couleur ivoire, est une résine latex très toxique
extraite du toxicodendron succedaneum, le fameux " arbre à laque ".
Après filtrage et purification, cette sève résineuse peut être utilisée nature ou colorée
(traditionnellement en noir ou rouge),
et une fois séchée, elle forme un film insoluble et sans pores.
Appliquée sur le bois, elle le rend imperméable, permet d'accentuer les
traits et les contours, ainsi que d'intensifier le contraste et la saturation
des autres colorations.
La peinture sur laque nécessite de la patience.
La qualité de la laque est déterminée par le nombre de couches poncées et superposées, 10-15 au minimum.
Ainsi, la superposition des couches de peinture de couleurs différentes permet des effets artistiques de dégradés. S'en suit la phase de peinture et d'incrustation (de nacre) avant la couche de finition incolore.
La palette de couleurs est obtenue en fonction des matières naturelles (pierres, argent, or, coquille d'oeuf, coquilles de certains mollusques...)
ou chimiques incorporés
(de l'oxyde de fer pour le noir, du sulfure naturel de mercure pour le vermillon, du sesquioxyde de fer pour l'ocre rouge,
du sulfure d'arsenic pour le jaune, mélange de jaune et de noir pour le vert, etc.).
Sans cesse en innovation, les artistes contemporains ont réussi
à transformer cet artisanat traditionnel et populaire en
un art pictural moderne capable de refléter la réalité
et d'exprimer en demi-teinte les sentiments les plus subtils.