Langues et Ecritures

Etant un état multiethnique et pluriculturel, le Viet-Nam comporte 54 langues et dialectes complètement distincts et relatifs à chacune de ses ethnies. L'ensemble de ces langues vivantes se basent et se fondent sur quatre principaux groupes linguistiques : austroasiatique, sino-tibétain, austronésien et tai-kadai. Ainsi, chaque langue ou dialecte possède son propre système d'écriture, de grammaire et de syntaxe.

Journal quotidien 'Sai Gon Giai Phong'

Le vietnamien, appelé Tieng-Viet, est considéré comme la langue officielle et est utilisée par plus de 90% de la population. Les minorités ethniques, tout en conservant leur propre langue ou dialecte, parlent et étudient le Tieng-Viet.

Le vietnamnien actuel est issu de deux grandes familles linguistiques nées il y a bien longtemps dans le Sud de l'Asie : austroasiatiques - en particulier, les deux branches : mon-khmer et malayo-polynésienne - ainsi que sino-tibétainne. Il se subdivise en trois dialectes - du Nord, dit de Ha-Noi, du Centre, de Hue et du Sud de Sai-Gon - qui se différencient par des variations de vocabulaire et une prononciation dissemblable de certains lettres ou digrammes.

Disposant d'un système de six intonations, le Tieng-Viet est une langue isolante et monosyllabique ; c'est-à-dire, respectivement tous les mots restent invariables quelle que soit leur fonction syntaxique et chaque syllabe est un mot accentué par un ton qui en détermine le sens : ainsi, " Việt Nam " s'écrit comme tel et non pas " Vietnam ". La grammaire vietnamienne est simple : il n'y a pas de conjugaison de verbe, ni de déclinaison de mot, etc. Cependant, la principale difficulté réside dans l'emploi des quantificateurs, la sémantique de politesse, ainsi que dans les différences d'accent et d'élocution (notamment, entre les trois grandes régions du pays), et surtout, dans les modulations tonales complexes : ainsi, un même mot peut prendre des sens totalement différents en fonction du ton prononcé : aigu, grave, lourd, interrogatif court ou long, etc. Par ex. : yêu (ton plat) amour/aimer, yếu (ton aigu) faiblesse/faible, yểu (ton interrogatif court) précoce/prématuré, etc.

Au cours du temps, la langue vietnamienne se matérialisait sous différentes formes d'écriture :

    Poème écrit en Nho (XIe s.)
  • Pendant près de 2000 ans, depuis son introduction vers le Ier siècle, lors des envahissements chinois, jusqu'au début du XXème siècle, en pleine colonisation française, l'écriture idéographique chinoise ou Chu-Nho, " écriture érudite " ou " écriture des lettrés ", constituait le système d'écriture officiel de l'ancien Viet-Nam, et était par conséquent employée dans l'administration, dans l'enseignement et dans la littérature.

  • Au Xème siècle, à la restauration de l'indépendance du Viet-Nam, les caractères Chu-Nom, " écriture savante " ou " écriture démotique ", furent inventés en s'inspirant des idéogrammes chinois pour transcrire phonétiquement le vietnamien parlé ; cette initiative est similaire à celle utilisée au Japon (les kanas) ou en Corée (les hangeul). Depuis lors, l'usage de Chu-Nom se développa parallèlement à celui de Chu-Nho. Cependant, ce système d'écriture n'a jamais été reconnu comme officiel et il a fallu attendre jusqu'au XVIIIème siècle pour que les premières véritables oeuvres littéraires composées en Chu-Nom voient le jour (en particulier, le très célèbre Kim-Van-Kieu de Nguyen-Du).

  • Alexandre de Rhodes, père du Vietnamien moderne Au XVIIème siècle, le Quoc-Ngu, était au départ un simple système de romanisation pour la transcription de la prononciation vietnamienne qui fut élaboré par les missionnaires européens, surtout les portugais, dans le but de propager le catholicisme. Ainsi, il a été considérablement codifié et amélioré par le jésuite français, Alexandre de Rhodes (1591-1660), au travers de son ouvrage Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum, Dictionnaire Vietnamien-Portugais-Latin trilingue édité à Rome en 1651.

    Ce système linguistique fut finalement imposé en 1910 par l'appareil colonial français en Indochine dans l'administration et dans l'enseignement. En même temps, il devint un instrument de communication et de propagande pour les mouvements patriotiques et anti-colonialistes. Son utilisation a d'ailleurs été largement généralisée après la création de la RDVN, République Démocratique du Viet-Nam (ou Nord Viet-Nam), en 1945. Ainsi, depuis plus d'un siècle, le Quoc-Ngu, " langue nationale ", est devenu écriture officielle du Viet-Nam. Il s'agit de la seule langue d’Extrême-Orient à s’écrire avec les caractères latins.

 

 

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