L'association à but non lucratif Shikoku Muchujin, basée à Marugame dans la préfecture de Kagawa à Shikoku au Japon et présidée par Madame Mie OZAKI, organise chaque année des activités originales et significatives pour la promotion de Shikoku auprès des pays européens, notamment la France. Elle invite des bloggueurs européens pour un séjour de découverte thématique à Shikoku et participe à des conventions parisiennes consacrées à la culture japonaise dans le cadre du Programme " Visit Japan " par la division du MLIT (Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme) de Shikoku au Japon.
En cette année 2012, le thème retenu est le Haïku et le projet est mené en coopération avec Madame Maïko GOTANI, représentante de l'Association Japon Auvergne - Nippon Auvergne (JANA) basée à Clermont-Ferrand. Diplômée de lettres japonaises, de calligraphie et d'enseignement de la langue japonaise, Madame GOTANI promeut activement en Auvergne la culture nippone et les échanges franco-japonais avec son époux, Monsieur Tetsuya GOTANI, et entretient des relations amicales de longue date avec Shikoku Muchujin. Madame GOTANI dispense également des cours de haïku japonais dans des écoles primaires et des collèges français, et anime régulièrement des ateliers sur le sujet dans des institutions culturelles et éducatives locales.
En ce jour mémorable du 19 Août — 819 en japonais (comme en anglais), c'est aussi le " Jour de Haïku " ou '' Haïku no Hi '' en japonais : 8 (Hatchi), 1 (Itchi), 9 (Ku ou kyu) — l'annonce officielle de la sélection de 3 poètes-blogeurs a été publiée sur les sites de Japon Auvergne - Nippon Auvergne (JANA) et de Shikoku Muchujin.
Les 3 lauréats sont : Madame Danièle DUTEIL, Monsieur Laurent PAYEN et moi-même.
Shikoku — les " Quatre Pays " — est la moins étendue (~19 000 km²) et la moins peuplée (~4,5 millions d'habitants) des quatre îles principales — Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu — qui forment le Japon. Elle comprend, comme son nom indique, quatre préfectures : Kagawa, Tokushima, Kochi et Ehime. L'île est au relief accidenté et montagneux. Son point culminant est le mont Ishizuchi (1982 m) situé dans la préfecture d'Ehime. Il figure dans la liste des 100 montagnes célèbres du Japon.
Shikoku est réputée pour les sentiers ancestraux du pèlerinage des 88 temples sur les traces du moine bouddhiste Kobo-Daishi (774-835), soit un périple de ~1500 km. Elle est également connue pour la source thermale Dôgo (Dôgo-Onsen, la plus ancienne du Japon) et le château féodal de Matsuyama (capitale d'Ehime), ainsi que celui de Takamatsu (capitale de Kagawa), et le site de Yashima, où eut lieu la fameuse bataille navale pendant la guerre de Gempei (XIIe s.).
Le séjour de découverte se restreint aux deux préfectures, Kagawa-ken et Ehime-ken.
La préfecture d'Ehime-ken et sa capitale Matsuyama sont appelées " capitale du haïku ". C'est la patrie de nombreux grands maîtres de haïku et écrivains modernes : Shiki Masaoka, Sôseki Natsume, Kyoshi Takahama et Hekigotô Kawahigashi ; Santôka Taneda y est mort.
La préfecture de Kagawa-ken, le plus petit département du Japon, abrite le plus vieil ermitage relatif au haïku japonais, Ichiya-an — " Ermitage d'une nuit ", au temple Kôsyo-ji de Kanonji — demeure qui a vu les derniers jours de Sôkan Yamazaki, poète de l'époque Sengoku (XVIe s.), maître du renga et un des pères du haïku. Hôsaï Ozaki a vécu sur l'île de Shôdoshima jusqu'à la fin de sa vie. Il y a par ailleurs des temples rattachés aux grands poètes de haïku comme Buson Yosa et Issa Kobayashi.
Il s'agira d'un voyage d'exception à Shikoku dans l'univers de haïku, propice à la composition et l'écriture de poèmes, à la connaissance et l'approfondissement de l'histoire du haïku. Les participants feront part de leurs expériences avec leurs haîkus par le biais de blogs et de sites Internet, ainsi que de réseaux sociaux et de cercles consacrés aux haïkus.
En outre, le 19 septembre aura lieu la fête de Hechima-ki, commémorant la disparition du célèbre poète Shiki Masaoka, père du haïku moderne, originaire de Matsuyama. Les poètes invités prendront part à des cérémonies, événements et réunions autour du haïku.
Tous mes remerciements les plus sincères et
chaleureux vont d'abord à...
Madame Maïko Gotani et Monsieur Tetsuya Gotani
de l'Association Japon Auvergne - Nippon Auvergne,
Madame Mie Ozaki, Madame Nobuko Sato et Monsieur Shiota Yasuhiro
de l'Association Shikoku Muchujin,
Madame Atsuko Taoka et Monsieur Masazumi Noguchi,
Madame Miyabi Yukawa et Monsieur Syuzo Taki,
Monsieur Yoshiyuki Oshita et Monsieur Christopher McCabe,
Doi-san et Oyama-san,
... ainsi qu'à tous ceux et celles grâce à qui j'ai pu concrétiser
— au travers de ce prestigieux séjour de découverte dans le cadre
du Programme " Visit Japan " du Ministère Japon Shikoku —
l'un de mes rêves les plus chers : effectuer un retour aux sources de l'art
du Haïku dans l'Île de Shikoku, et ainsi, marcher sur les pas des
plus grands maîtres de son histoire !
Par ordre antichronologique...
Entrevue au Conseil Européen à Bruxelles et remise au Président Herman Van Rompuy de mon recueil de haïkus composés dans le cadre du Projet " Shikoku Haïku Méguri " en compagnie de Madame Mie Ozaki, Présidente de l'association Shikoku Muchujin du Japon.
L'aventure touche à sa fin. Le matin, nous sommes officiellement reçus, à la Préfecture de Kagawa dont le bâtiment a été conçu par Kenzo Tange, par Monsieur Toshio Tenkumo, vice-préfet de Kagawa-ken. L'après-midi, nous tenons une conférence, à E-Topia Kagawa dans la Takamatsu Symbol Tower, sur notre séjour à Shikoku devant un amphithéâtre rempli, et également, avec la retransmission directe sur Internet.
Le Ritsurin-kôen, crée aux alentours de 1625, sous l'égide du quatrième daimyo de Sanuki, Takatoshi Ikoma, est considéré comme l'un des plus beaux parcs du Japon. Il est aussi le plus vaste du pays à porter le label de " Paysage Exceptionnel ". Adossé au Mont Shiun-san, ce grand parc présente des paysages bucoliques et pittoresques parsemés d'étangs, de collines boisées, de ponts et de pavillons traditionnels. Il est divisé en deux parties : dans le sud, un jardin de style japonais, et dans le nord, un jardin de style occidental.
A notre venue, nous sommes accueillis par Monsieur Takashi Furukawa, Directeur du Jardin Ritsurin-kôen qui nous fait ensuite une présentation générale de son jardin dans le pavillon Shoko Shoreikan. Après le ginko dans le parc, sous la direction de Miyabi Yukawa Sensei, le kukaï a lieu au cours d'une cérémonie de thé dans le pavillon Kikugetsu tei, suivi du déjeuner puis du tensaku dans le pavillon Hanazono tei. Les évènements du matin sont massivement filmés et retransmis par la presse, radio et télévision. Une balade en barque sur l'étang Nanko vient clore la journée.
Notre dîner a lieu au Restaurant Ryoutei Nichou, l'un des établissements les plus réputés de la région. Nous gagnons en fin de soirée l'Hôtel Tokyu Inn.
Revenus à Takamatsu, nous enchaînons deux visites d'artisans d'art dans la matinée : Takamatsu wagasa, Atelier d'Ombrelle et Gotô nuri, Atelier de Laquage.
Le wagasa (ombrelle japonaise), fabriqué à partir de washi et de bambou, est encore utilisé de nos jours dans les festivités traditionnelles, notamment dans la danse, le théâtre Kabuki, le mariage ou dans la cérémonie du thé en plein air.
Le shikki (laque) est l'un des plus célèbres artisanats traditionnels du Japon. Sa fabrication, longue et fastidieuse, requiert un savoir-faire transmis de génération en génération. La laque urushi est appliquée à la main en plusieurs couches très fines sur les objets en bois tels que les bols, plateaux et divers articles de luxe.
Mon après-midi libre est consacré à la visite du Château de Takamatsu-jô et du Parc Tamamo-kôen en compagnie de Laurent.
Construit en 1590 face à la Seto Naikai, le château de Takamatsu-jô est bien connu pour être l'un des trois " mizu-jiro ", littéralement " château dans la mer " avec le château d'Imabari-jô dans la préfecture d'Ehime-ken et le château de Nakatsu-jô dans la préfecture d'Oita-ken.
L'Île de Shôdoshima est surtout connue pour la culture d'olive, la production de sômen et la fabrication de sauce de soja.
Hôsaï Ozaki (1885-1926), devenu moine bouddhiste, s'installe sur l'île peu avant sa mort, à l'Ermitage Minango-an au Temple Saiko-ji. C’est à cette époque qu’il se met sérieusement à l’écriture de haïkus. Ses versets sont imprégnés de solitude, d'isolement et de souffrance probablement en raison de l'état de sa santé et de sa situation financière.
Instants choisis de Hôsaï :
sur la pointe d'une herbe | devant l'infini du ciel | une fourmi
profonde solitude — | je bouge mon ombre | histoire de voir
un cri soudain | s’enfuyant | dans la nuit
Avec Noguchi Sensei, nous prenons le ferry pour l'Île de Shôdoshima. A Minango-an, devenu depuis Musée de Hôsaï Ozaki, nous assistons à la conférence sur Hôsaï et sur le mouvement du haïku libre par Inoué et Yamamoto Sensei avant d'aller visiter la tombe de Hôsaï, ainsi que les stèles de ses haïkus.
Après le pique-nique dans le village de Nakayama, connu pour son théâtre de Kabuki et ses rizières en paliers, nous arrivons au Parc Oliveraie situé sur un plateau dominant les îles de la Seto Naikai.
En fin d'après-midi, nous partons nous balader dans la Kuhi no Mori, Forêt de Stèle-haïku puis traversons la Gorge de Kanga pour atteindre le Plateau Utsukuchishi-no-hara. Nous gagnons Shôdoshima Kokusai Hotel en fin d'après-midi.
La Voie express Nishiseto (~60 km), communément appelée Shimanami-kaido, est une autoroute qui relie les îles de Honshû et Shikoku à travers la Seto Naikai en passant par neuf îles de l'archipel Geiyo. Elle comprend dix ponts, dont le triple-pont suspendu Kurushima-kaikyô Ohashi (4105 m), le plus long ensemble de ponts suspendus au monde, ainsi que le pont Tatara Ohashi (890 m), le deuxième plus long pont à haubans.
Au belvédère de Kirôsan pour la vue sur le Pont Kurushima-kaikyô Ohashi, puis au monument de la Cloche du Bonheur pour la vue sur le Pont Tatara Ohashi, nous poursuivons par la visite du Temple Oyamazumi-jinja, sanctuaire shintoïste dédié aux dieux qui protègent les marins et les soldats.
Après le déjeuner au Restaurant Sazanami, en attendant le train pour Takamatsu, je fais un petit détour au Château d'Imabari-jô avec Laurent et Tetsuya.
Construit au début XVIIe s., ce château est bien connu pour être l'un des trois mizu-jiro, littéralement " châteaux dans la mer " au Japon, avec le château de Takamatsu-jô, préfecture de Kagawa-ken et le château de Nakatsu-jô, préfecture d'Oita-ken.
Une fois rentrés, nous assistons en début de soirée à un entraînement de Kendo par Yamagami Sensei (8ème Dan) dans le dojo de l'Université de Kagawa Daigaku, passons ensuite la soirée avec lui en compagnie de quelques enseignants et étudiants autour d'un repas convivial.
Nous commençons la journée par la visite de Garyû Sansô, Pavillon de thé et continuons par les visites de Tobe yaki, Atelier-musée de Poterie, où nous participons également à une étape d'élaboration, puis de Kikuma Kawara, Atelier-musée de Tuile, et enfin, de Kono, Musée d'Art traditionnel.
Surplombant la rivière Hiji-gawa et entouré par trois montagnes, Kagura-yama, Tomisu-yama et Yamase-yama, Garyû-in Sansô (villa de montagne) est un pavillon de thé de la période Meiji avec un jardin traditionnel japonais. L'ensemble s'étend sur ~10000 m² et comprend trois ermitages Garyû-in-an, Furo et Chishi-an d'une architecture remarquable. L'origine du nom " Garyû " se réfère à l'allégorie d'un dragon couché sur la montagne Horai selon le troisième daimyo d'Ôzu, Yasutsune Kato.
Célèbre pour sa vaisselle bleu-cobalt, la ville de Tobe via ses fabriques perpétue son savoir-faire céramique de l'Île de Shikoku depuis plus de deux siècles, ainsi que la commune de Kikuma avec ses ateliers de tuile qui poursuit sa tradition artisanale vieille de 700 ans.
En fin d'après-midi, nous gagnons Imabari Kokusai Hotel.
La journée débute par les deux visites d'Iyo kasuri, Musée de Teinture Indigo et de Tenjin sanshi, Atelier de fabrication du Papier où nous sommes invités à prendre part aux processus de fabrication. Nous terminons la matinée par une troisième visite, celle de Ikazaki tako, Musée de Cerf-volant suivie d'un jeu de tako agé au bord de la rivière Oda-gawa.
Célèbre pour sa teinture à l'indigo et ses motifs élaborés (pin, bambou, fleur, grue, tortue...), Iyo kasuri, avec Kurume et Bingo-kasuri, est l'un des trois principaux kasuri au Japon. D'autre part, Tenjin sanshi est le premier producteur japonais d'Ôzu washi pour la calligraphie. En outre, Ikazaki tako dispose d'une collection de cerfs-volants japonais et d'une galerie des photos du Festival Ikazaki Kite.
Réputé pour sa production de tabac, de papier et de cire, Uchiko-cho est aussi connu pour ses vieux quartiers pittoresques constitués d'anciens immeubles faisant office de musées, de boutiques, d'ateliers d'artisanat et de maisons de thé.
Après le déjeuner au Restaurant Shimohaga tei dans une demeure vieille de 140 ans, nous visitons les anciens quartiers de la ville dont Uchiko-za, Théâtre de Kabuki et Kamihaga tei, Musée de Cire.
La soirée est réservée au dîner aux lanternes sur une barque d'excursion en assistant au spectacle d'Ukai, Pêche aux Cormorans sur la rivière Hiji-gawa. Ce soir, nous logeons à Ozu Plaza Hotel.
Essentiellement pratiquée au Japon et en Chine, l'ukai est une méthode de pêche millénaire dans laquelle les pêcheurs utilisent des cormorans dressés à pêcher en eau douce. Pendant longtemps, la pêche aux cormorans a été une activité importante, mais de nos jours, elle est devenue surtout une attraction touristique.
Aujourd'hui, c'est le grand jour pour les haijins que nous sommes : il s'agit de la Hechima-ki célébrant le 111ème anniversaire de la mort de Shiki Masaoka, père du haïku moderne natif de Matsuyama. Accueillis par Madame Miki Takeda, Directrice du Musée de Shiki Masaoka, nous sommes invités et présentés sur scène sous les applaudissements de toute l'assistance en présence de la presse, radio et télévision, ainsi que des personnalités locales.
Shiki Masaoka (1867-1902), originaire de Matsuyama, est considéré comme l'un des quatre maîtres classiques du haïku japonais : Bashô, Buson, Issa, Shiki. Théoricien rénovateur et innovateur des formes poétiques haïku et tanka, il leur a donné leur noms modernes. Auteur d'environ 25 000 haïkus composés dans les dernières années du XIXe s. mais qui caractériseront à titre posthume le XXe s., Shiki rompt avec les formes de romantisme du XIXe s. de Issa en proposant un type de modernisme qui relance le genre en insistant sur l'objectivité du croquis sur le vif d'après nature (shasei) et la liberté. Il est considéré comme " le père du haïku moderne ".
Instants choisis de Shiki :
château de Matsuyama — | que dans les airs soulève
| la natte des rizières
solitude — | après le feu d'artifice | une étoile filante
nuit sans fin — | je pense | à ce qui viendra dans dix
mille ans
Après le déjeuner, nous assistons à une autre cérémonie à la mémoire de Shiki devant sa tombe à proximité de sa maison avant de poursuivre les visites de Koshin-an, Ermitage de Chodô où nous assistons à une cérémonie de thé, ainsi que d'Issô-an, Ermitage de Santôka, où nous sommes accueillis par le personnel de l'Association de Santôka et accompagnés par la presse, radio et télévision pour une fête en son honneur et en notre venue.
Chodô Kurita (1749-1814) est considéré par Shiki comme le meilleur poète de haïku en son temps de la province d'Iyo, actuellement préfecture d'Ehime, dont l'ermitage Koshin-an a été visité par Issa Kobayashi, ainsi que les adeptes de Shiki, Kyoshi Takahama, Hekigodo Kawahigashi et Santôka Taneda.
Instants choisis :
comme est magnifique | par un trou dans la cloison | la Voie lactée
(Issa)
vent d'automne — | les fleurs rouges | qu'elle aimait arracher
(Issa)
ce sera donc cela | ma dernière demeure ? | cinq pieds de neige
(Issa)
le serpent s'esquiva | mais le regard qu'il me lança | resta
dans l'herbe (Kyoshi)
le vent violent du soleil | vibre encore | dans la voix du coucou
(Hekigodo)
Santôka Taneda (1882-1940), particulièrement reconnu pour ses compositions libres, mène une vie de moine zen vagabond, rédigeant au bord du chemin les haikus nés de ses contemplations. Il s'éteint paisiblement à l'ermitage Issô-an. Son style de haïku est défini comme sans fioritures et ses versets sont généralement très brefs, ils dépassent rarement plus de dix mots.
Instants choisis de Santôka :
dans mon bol de fer | en guise d'aumône | la grêle
ma silhouette vue de dos | s'éloignant | dans la pluie d'automne
la mort bientôt — | sur les herbes folles | tombe la pluie
Après dîner, nous terminons la journée au Dôgo Onsen, l'une des plus anciennes et prestigieuses stations thermales du Japon, avec une histoire qui remonte à plus de 1000 ans. Construit au XIXe s., ledit établissement de bains publics y trouve une place privilégiée dans Botchan de Sôseki Natsume, très célèbre roman publié en 1906 marquant le début de la littérature moderne japonaise.
Instant choisi :
parti voir la lune | Sôseki a oublié | sa femme
Nous prenons le train le matin pour Matsuyama, la plus grande ville de Shikoku, et aussi, la capitale de la préfecture d'Ehime-ken, toutes deux considérées comme " capitale du haïku moderne ". Pendant notre séjour à Ehime-ken, nous sommes accompagnés par Oyama-san de l'Agence de voyage Fuji Travels. Notre programme de la journée commence par les visites du Pavillon Bansuiso et du Château de Matsuyama-jô.
Bansuiso, caractéristique du style néoclassique, est édifié en 1922 pour le daimyo du Château de Matsuyama-jô, Hisamatsu Sadakoto. Séduit par l'architecture française lors de ses études en France, Hisamatsu fait appel à Kigo Shichiro pour la construction de sa villa, laquelle a même reçu la visite de l'empeureur lui-même. Actuellement, c'est une annexe du Musée d'Art et d'Histoire.
Le château de Matsuyama-jô est un hirayama-jiro, littéralement " château en hauteur ", construit en 1603 sur le Mont Katsuyama (132 m). Il est considéré comme l'un des plus beaux châteaux d'origine du Japon.
Le Moustique, mon kigo préféré
Les moustiques constituent le plus grand groupe de vecteurs d'agents pathogènes transmissibles à l'être humain. Malgré leur rôle nuisible, ils comportent toutefois une fonction importante dans la nature en ce qu'ils participent à la pollinisation. Ils entrent dans les saijikis japonais au titre de la saison d'été.Après la visite du château, nous sommes officiellement reçus, à la Préfecture d'Ehime dont le bâtiment est l'un des plus anciens édifices de préfecture du Japon, par Monsieur Keiji Joko, vice-préfet d'Ehime-ken. Nous effectuons par cette occasion la lecture de nos haïkus et les échanges des omiyagés. Après la visite, nous gagnons l'Hôtel Tsubaki tei en fin de journée.
Nous passons la matinée chez Kei-san. Après le déjeuner au Restaurant Ichitei avec Noguchi Sensei, nous visitons l'Ermitage Ichiya-an de Sôkan au Temple Kôsyo-ji puis je pars me recueillir sur sa tombe en compagnie de Noguchi Sensei et Tetsuya.
Sôkan Yamazaki (1465-1553) rompt avec les formes compassées de la poésie renga en développant le haïkaï no renga, forme qu'au siècle suivant Bashô fera évoluer vers l'ancêtre du haïku. Il s'établit en 1528 dans la ville de Kanonji où il fonde l'Ermitage Ichiya-an, littéralement " Ermitage d'une nuit ". Il y passe le reste de sa vie, vivant de sa calligraphie et de l'enseignement de la poésie.
Instants choisis de Sôkan :
au moment où mon père | rendait l'âme | j'ai pété
même si tu as froid | ne te chauffe pas au feu | bonhomme de
neige
muettes — | les aigrettes traceraient au ciel | une ligne de
neige
La journée se finit par la visite du Musée de Cyohsa (chariots de festival). Nous rentrons à Miyabi-no-Sato pour une soirée festive, culturelle et traditionnelle.
La journée commence par une cérémonie bouddhique à 5h30 du matin au Temple Zentsû-ji, laquelle s'achève par une traversée au sous-sol dans l'obscurité.
Invités chez Taoka-san, nous partons ensuite avec elle à la Fête de Hassaku du village de Nio.
Kotohiki-kairô Onsen dispose d'un ensemble de bains en plein air avec vue sur la plage et l'océan. Il s'agit d'une forme de sauna appelé kamaburo qui a 1200 ans d'histoire, un shioburo à l'eau de mer et d'autres bains de source chaude minérale.
L'après-midi se termine par un petit tour au Kitohiki-kairô Onsen avant de rallier Miyabi-no-Sato. C'est dans cette magnifique demeure que nous effectuons notre premier kukaï du séjour avec la participation de Kei-san, la propriétaire des lieux.
La visite du Musée Uchiwa no Minato, des éventails en papier, ouvre la journée. C'est un produit artisanal typique et et traditionnel de Marugame. Nous assistons et participons à leur fabrication. Après un petit détour par l'Office de Tourisme de la ville, nous gagnons le Château de Marugame-jô datant de 1597, le plus petit château du Japon et l'un des derniers à avoir conservé son donjon en bois.
Partant déjeuner au Restaurant Sinsei, nous allons ensuite chez Ozaki-san assister à la conférence sur le renga, le tanka et le haïku par Syuzo Taki Sensei (Prix Akutgawa) accompagné par Monsieur Keiichi Takayama, journaliste d'Asahi.
En fin de l'après-midi, nous gagnons le Temple Zentsû-ji. C'est le lieu de naissance de Kobo-Daishi, et également, le 75ème et le plus grand des 88 temples du célèbre pèlerinage de Shikoku. Il se distingue par une pagode à cinq niveaux, par ses camphriers millénaires et par son sous-sol du Mie-dô constitué d'un long couloir évasé en obscurité totale où on peut effectuer une traversée pour atteindre l'autel dudit sage bouddhiste.
La journée débute par la visite du Temple Myoho-ji Busondera connu pour son monument-haïku dédié à Buson qui y a séjourné à plusieurs reprises entre 1766-1768. Accueillis par ses hôtes et accompagnés par les journalistes d'Asahi, de Yomiuri et de Shikoku, nous visitons les lieux et assistons à la conférence sur le haïku japonais par Masazumi Noguchi Sensei (Prix Kan Kikuchi à Kagawa).
Buson Yosa (1716-1783), poète et artiste-peintre Bunjin-ga du XVIIIe s. (milieu de la période Edo), est considéré comme l'un des quatre maîtres classiques du haïku japonais (Bashô, Buson, Issa, Shiki). Rompant avec les formes baroques du XVIIe s. de Bashô, Buson propose un type de classicisme qui renouvelle le genre en se basant sur l'ordinaire pour décrire l'essence des choses. Il est également l'inventeur du haïga, peinture accompagnée d'un haïku.
Instants choisis de Buson :
les montagnes au loin — | reflet dans les prunelles | d'une libellule
pluie d'hiver — | une souris passe | sur le koto
dans les pruniers blancs | la nuit s'éclaircit | cela seul
demeure
En compagnie de Monsieur Kurt VanVolkenburgh de Sulantra, nous prenons le bateau pour l'Île de Honjima. Nous déjeunons au Restaurant Yakata-bune, situé dans une demeure vieille de 140 ans, et visitons ensuite les anciens quartiers de Kasashima. S'en suit une longue balade en mer avant de revenir à Marugame assiter à une boat race en fin de soirée.
Ca y est, le grand voyage de mille lieues a bel et bien commencé par le vol Asiana Airlines OZ502 Paris CDG1 l2 septembre 19h50 - Séoul Incheon 13 septembre 13h50 avec nous six à bord : Maïko, Tetsuya, Martine, Danièle, Laurent et moi-même...
La destination finale est assurée par le vol Asiana Airlines OZ166 Séoul Incheon 13 septembre 17h30 - Takamatsu 13 septembre 19h15.
Pendant notre séjour à Kagawa-ken, nous serons accompagnés par Monsieur Doi Yoshimasa, Directeur de l'Office de Tourisme de Kagawa-ken.
Nous quittons Takamatsu pour Marugame et arrivons en fin de soirée à Okura Hotel.