Langues et Écritures


Etant un état multiethnique et pluriculturel, le Viet-Nam comporte 54 langues et dialectes complètement distincts et relatifs à chacune de ses ethnies. L'ensemble de ces langues vivantes se basent et se fondent sur quatre principaux groupes linguistiques : austroasiatique, sino-tibétain, austronésien et tai-kadai. Ainsi, chaque langue ou dialecte possède son propre système d'écriture, de grammaire et de syntaxe.

  • Journal quotidien 'Sai Gon Giai Phong'

    Le vietnamien, appelé Tieng-Viet, est considéré comme la langue officielle et est utilisée par plus de 90% de la population. Les minorités ethniques, tout en conservant leur propre langue ou dialecte, parlent et étudient le Tieng-Viet.

    Le vietnamnien actuel est issu de deux grandes familles linguistiques nées il y a bien longtemps dans le Sud de l'Asie : austroasiatiques - en particulier, les deux branches : mon-khmer et malayo-polynésienne - ainsi que sino-tibétainne. Il se subdivise en trois dialectes - du Nord, dit de Ha-Noi, du Centre, de Hue et du Sud de Sai-Gon - qui se différencient par des variations de vocabulaire et une prononciation dissemblable de certains lettres ou digrammes.

    Disposant d'un système de six intonations, le Tieng-Viet est une langue isolante et monosyllabique ; c'est-à-dire, respectivement tous les mots restent invariables quelle que soit leur fonction syntaxique et chaque syllabe est un mot accentué par un ton qui en détermine le sens : ainsi, " Việt Nam " s'écrit comme tel et non pas " Vietnam ". La grammaire vietnamienne est simple : il n'y a pas de conjugaison de verbe, ni de déclinaison de mot, etc. Cependant, la principale difficulté réside dans l'emploi des quantificateurs, la sémantique de politesse, ainsi que dans les différences d'accent et d'élocution (notamment, entre les trois grandes régions du pays), et surtout, dans les modulations tonales complexes : ainsi, un même mot peut prendre des sens totalement différents en fonction du ton prononcé : aigu, grave, lourd, interrogatif court ou long, etc. Par ex. : yêu (ton plat) amour/aimer, yếu (ton aigu) faiblesse/faible, yểu (ton interrogatif court) précoce/prématuré, etc.

  • Au cours du temps, la langue vietnamienne se matérialisait sous différentes formes d'écriture :

    Poème écrit en Nho (XIe s.)

    Pendant près de 2000 ans, depuis son introduction vers le Ier siècle, lors des envahissements chinois, jusqu'au début du XXème siècle, en pleine colonisation française, l'écriture idéographique chinoise ou Chu-Nho, " écriture érudite " ou " écriture des lettrés ", constituait le système d'écriture officiel de l'ancien Viet-Nam, et était par conséquent employée dans l'administration, dans l'enseignement et dans la littérature.

    Au Xème siècle, à la restauration de l'indépendance du Viet-Nam, les caractères Chu-Nom, " écriture savante " ou " écriture démotique ", furent inventés en s'inspirant des idéogrammes chinois pour transcrire phonétiquement le vietnamien parlé ; cette initiative est similaire à celle utilisée au Japon (les kanas) ou en Corée (les hangeul). Depuis lors, l'usage de Chu-Nom se développa parallèlement à celui de Chu-Nho. Cependant, ce système d'écriture n'a jamais été reconnu comme officiel et il a fallu attendre jusqu'au XVIIIème siècle pour que les premières véritables ½uvres littéraires composées en Chu-Nom voient le jour (en particulier, le très célèbre Kim-Van-Kieu de Nguyen-Du).

    Alexandre de Rhodes, père du Vietnamien moderne Au XVIIème siècle, le Quoc-Ngu, était au départ un simple système de romanisation pour la transcription de la prononciation vietnamienne qui fut élaboré par les missionnaires européens, surtout les portugais, dans le but de propager le catholicisme. Ainsi, il a été considérablement codifié et amélioré par le jésuite français, Alexandre de Rhodes (1591-1660), au travers de son ouvrage Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum, Dictionnaire Vietnamien-Portugais-Latin trilingue édité à Rome en 1651. Ce système linguistique fut finalement imposé en 1910 par l'appareil colonial français en Indochine dans l'administration et dans l'enseignement. En même temps, il devint un instrument de communication et de propagande pour les mouvements patriotiques et anti-colonialistes. Son utilisation a d'ailleurs été largement généralisée après la création de la RDVN, République Démocratique du Viet-Nam (ou Nord Viet-Nam), en 1945. Ainsi, depuis plus d'un siècle, le Quoc-Ngu, " langue nationale ", est devenu écriture officielle du Viet-Nam. Il s'agit de la seule langue d’Extrême-Orient à s’écrire avec les caractères latins.

Littérature


  • Quoc-Tu-Giam, Temple de la Littérature (XIe s.)

    Les origines de la littérature vietnamienne remontent très loin. A la genèse, les auteurs vietnamiens écrivaient en langue chinoise avec une prononciation à la vietnamienne appelée Chu-Nho. Au cours du temps, le système d'écriture vietnamienne du Chu-Nom s'est développé sur la base des idéogrammes chinois, ceux-ci étant recombinés afin de s'adapter aux spécificités de la langue vietnamienne. Ainsi fut employé le Chu-Nom pendant un millénaire parallèlement au Chu-Nho jusqu'au début du XXème siècle. De nos jours, les auteurs vietnamiens composent et publient en langue et écriture nationales Quoc-Ngu, un système d'écriture romanisé avec de nombreux signes diacritiques supplémentaires.

    L'ensemble du patrimoine littéraire vietnamien est issu de ces trois systèmes d'écriture successifs, auxquels s'ajoute la littérature populaire orale d'origine. Imprégnée de patriotisme et d'humanisme, la littérature vietnamienne reflète essentiellement la lutte nationale contre les invasions étrangères, la résistance exceptionnelle à l'oppression coloniale, ainsi que les aspirations du peuple à la liberté, à l'indépendance et à un monde meilleur.

Littérature populaire orale


Témoignage des us et coutumes populaires, religieux ou païens, cette forme de littérature la plus ancienne se compose essentiellement de quatre catégories :

  • Contes, mythes et légendes : Co-Tich, Than-Thoai, Su-Thi, Truyen-Thuyet.
  • Fables et satires : Ngu-Ngon, Cham-Biem.
  • Devinettes, dictons et proverbes : Ve, Cau-Do, Tuc-Ngu, Ca-Dao.
  • Chants traditionnels : Dan-Ca (Dieu-Ly, Ca-Tru, Quan-Ho).

Littérature classique

¼uvres composées en Chu-Nho et Chu-Nom

    • XI-XVème siècle
      La plupart des ouvrages de cette époque fut écrit en vers chinois et les thèmes centraux étaient l'humanisme et la nature inspirés du Bouddhisme et Confucianisme, ainsi que les sentiments du patriotisme.

      Auteurs principaux :
      — Bonzes : Khong-Lo, Huyen-Quang, Hue-Sinh.
      — Souverains : Ly-Thanh-Ton, Tran-Thai-Ton, Tran-Nhan-Ton.
      — Généraux : Ly-Thuong-Kiet, Tran-Quang-Khai, Tran-Hung-Dao.
      — Lettrés : To-Hien-Thanh, Chu-Van-An, Truong-Han-Sieu, Ly-Te-Xuyen, Le-Van-Huu.

      Ouvrages majeurs :
      — 1010 : Thien-Do-Chieu, Proclamation sur le Transfert de la Capitale, du royaume du Dai-Co-Viet de Hoa-Lu à Dai-La (Ha-Noi actuel), par Ly-Thai-To, l'un des tous premiers textes historiques.
      — 1273 : Dai-Viet Su-Ky, Histoire du Grand-Viet, par Le-Van-Huu.
      — 1284 : Hich-Tuong-Si , Discours aux Officiers, par Tran-Hung-Dao.
      Quoc-Ngu Thi-Tap, Recueil des Poèmes en Langue Nationale, par Chu-Van-An.

    • XV-XVIIème siècle
      Le Confucianisme, adopté comme doctrine d'état, se transcrivait dans les ½uvres, tandis que le nationalisme s'est manifestait dans la littérature au travers des poèmes historiques.

      Ouvrages majeurs :
      Binh-Ngo-Dai-Cao, Proclamation 
                                 de la Victoire sur les chinois NgoBinh-Ngo-Dai-Cao, Proclamation de la Victoire sur les chinois Ngo, et Quoc-Am Thi-Tap, Recueil de Poèmes en Langue Nationale, par Nguyen-Trai.
      — Collections de poèmes de Le-Thanh-Ton reflétant la fierté nationale et l'idéal confucéen.
      — 1479 : Dai-Viet Su-Ky Toan-Thu, Histoire Générale du Grand-Viet, par Ngo-Sy-Lien.
      Bach-Van-Am Thi-Tap et Bach-Van Quoc-Ngu Thi-Tap recueils de poésie composés respectivement en Chu-Nho et en Chu-Nom par Nguyen-Binh-Khiem louant les charmes d'une vie contemplative.

    • XVII-XIXème siècle
      Dans le contexte de crise du féodalisme et du début de la colonisation française, les littératures en Chu-Nho et Chu-Nom s'entrecroisaient et se développaient en parallèle.

      Auteurs principaux :
      — Trois femmes-poètes : Doan-Thi-Diem (Chinh-Phu-Ngam, Plainte de la femme d'un guerrier), Ba-Huyen Thanh-Quan (explorant les thèmes des ruines, de la mélancolie, de la fuite du temps...) et Ho-Xuan-Huong (érotisme, satire grivoise...).
      — Erudits, patriotes, rebelles : Le-Quy-Don, Nguyen-Cong-Tru, Cao-Ba-Quat.
      — Poètes : Nguyen-Du, Nguyen-Dinh-Chieu, Nguyen-Khuyen, Tran-Te-Xuong.
      — Empereurs de la dynastie des Nguyen : Minh-Mang, Thieu-Tri, Tu-Duc.

      Ouvrages majeurs :
      Kim-Van-Kieu, chefs d'½uvre de la littérature vietnamienne — Histoires du royaume Dai-Viet par Pham-Cong-Tru, Ho-Sy-Duong, Le-Quy-Don, etc.
      Truyen-Ky Man-Luc, Vaste Recueil de Merveilleuses Légendes, ainsi que le très célèbre Kim-Van-Kieu, par Nguyen-Du, relatant l'histoire tragique de Thuy-Kieu, belle et talentueuse jeune femme qui doit se sacrifier pour sauver sa famille dans la société féodale de cette époque. Ce roman en vers et en prose est composé en Chu-Nom contribuant ainsi à la richesse de ce patrimoine d'écriture nationale ; il est considéré comme l'½uvre littéraire vietnamienne la plus importante jamais écrite.
      — Chroniques historiques et géographiques par Phan-Huy-Chu.
      — Histoires complètes du royaume du Dai-Nam par Quoc-Su Quan, Institut de l'Histoire Nationale sous la dynastie des Nguyen.
      Luc-Van-Tien, par Nguyen-Dinh-Chieu, poème épique l'une des chefs d'½uvre en Chu-Nom de la littérature vietnamienne.

Littérature contemporaine

¼uvres publiées en Quoc-Ngu

  • 1900-1945
    l'avant-guerre

    — Précurseurs : Truong-Vinh-Ky, Huynh-Tinh-Cua, Tan-Da.
    — Romanciers : Nhat-Linh, Khai-Hung, Ngo-Tat-To, Hoang-Ngoc-Phach, Nguyen-Cong-Hoan.
    — Nouvelle Poésie : The-Lu, Tu-Mo, Luu-Trong-Lu, Han-Mac-Tu, Xuan-Dieu, Huy-Can, Che-Lan-Vien, Te-Hanh.
    — Essais et nouvelles : Thach-Lam, Nguyen-Tuan.
    — Prosateurs réalistes : Nam-Cao, Nguyen-Hong, To-Hoai.

  • 1945-1975
    l'entre-deux-guerres

    — Nord Viet-Nam : Nguyen-Kien, Chu-Van, Nguyen-Dinh-Thi, To-Huu, Xuan-Quynh.
    — Sud Viet-Nam : Son-Nam, Mai-Thao, Doan-Quoc-Sy, Nhat-Tien, Vo-Phien, Nha-Ca, Phan-Nhat-Nam.

  • 1975-...
    changement et rénovation Doi-Moi

    Nguyen Minh Châu, Hoang-Cam, Van-Cao, Tran-Duc-Thao, Bao-Ninh, Nguyen-Khac-Truong, Duong-Thu-Huong, Ninh-Duc-Vinh, Ngo-Ngoc-Boi, Nguyen-Khai, Nguyen-Manh-Tuan, Nguyen-Huy-Thiep.

Théâtre


Fortement influencé par l'opéra chinois, le théâtre du Viet-Nam comprend de divers et variés styles de dramaturgie traditionnelle qui subsistent au travers des générations et conservent encore de nos jours leur popularité auprès d'une nette majorité de Vietnamiens.

Opéra populaire

Hat-Cheo

  • Opéra Hat-Cheo

    Né dans le delta du Fleuve Rouge au Xème siècle sous la dynastie des Dinh, ce genre théâtral tire son origine de la pantomime Kich-Cam qui accompagnait les chants et les danses folkloriques. Surtout pratiqué depuis dans le Nord du pays et considéré comme la plus ancienne forme d'opéra vietnamien existante, cet art populaire a continué à se développer pendant près de 1000 ans et a atteint son apogée au XIXème siècle.

    Les spectacles de Hat-Cheo ont lieu au moment des fêtes villageoises de fin de travaux des champs et de récolte. Ses thèmes proviennent de la vie quotidienne, essentiellement en milieu rural, agrémentée de satires et de pamphlets. Par l'intermédiaire des bouffons He-Cheo, le Cheo bousculait et s'opposait aux valeurs sacro-saintes de la société féodale.

    Les pièces de Cheo, dont la mise en scène reste très rudimentaire, sont manichéennes et simplistes en exploitant les stéréotypes à la mode dans les milieux populaires, dans lesquelles le bien triomphe toujours le mal. Les spectateurs se tenaient debout dans la cour de la maison communale San-Dinh où les pièces étaient représentées. Tandis qu'assis dans un coin, les musiciens accompagnaient les chants et jouaient en même temps le rôle de partenaire collectif, accentuant les effets théâtraux et émotionnels, commentant l'action de l'intrigue et des personnages.

Opéra classique

Hat-Tuong

  • Opéra Hat-Tuong

    Importé de Chine au XIIIème siècle lors de la guerre contre la dynastie mongole Yuan, le Hat-Tuong ou Hat-Boi fut un genre de théâtre classique de cour royale favori de l'aristocratie et de l'intélligentsia ; il était d'ailleurs très prisé au XIXème siècle par les Seigneurs Nguyen établis à Hue. Puisant ses sujets dans les histoires dynastiques, les pièces de Tuong s'attachaient généralement à exalter la soumission et la loyauté envers le monarque à travers des actes héroïques ou d'intense dévouement. Tel le cas de l'opéra chinois, le Tuong a été adapté au cours du temps pour des troupes itinérantes qui sont principalement destinées à divertir les classes plus populaires.

    Toutefois, par rapport au Cheo, le genre Tuong met en avant des valeurs morales et intellectuelles plus élevées ainsi que des maquillages extravagants, des tenues splendides, des scènes oniriques et des décors somptueux. S'agissant de jeu symbolique, cette forme théâtrale obéit par ailleurs à des règles et conventions complexes et rigoureuses permettant de caractériser, socialement et psychologiquement, les situations et les personnages à partir des costumes, du maquillage, de la gestuelle, du style emphatique et de divers types de chants. Par exemple, les visages peints en rouge incarnent le courage et la loyauté, alors que les visages blancs représentent la traîtrise et la cruauté ; les visages verts évoquent les gens de la plaine, et les visages noirs, les montagnards. La gesticulation a une signification précise et intrinsèque qu'il faut bien comprendre pour pouvoir interpréter le comportement des personnages et le déroulement de l'action.

Marionnettes sur eau

Mua-Roi Nuoc

  • Marionettes sur eau

    " Il n'existe plus dans le monde qu'un seul théâtre de marionnettes sur eau : le Mua-roi-nuoc du Viêt-Nam. Cette expression millénaire des paysans du Nord vivant entre rizières et mares est attestée dès l'an 1121 sur une stèle qui précise que ce spectacle avait atteint une telle perfection qu'il avait été jugé digne d'être présenté devant le roi. Les marionnettes sur eau ne peuvent être classées dans aucune des catégories classiques (marionnettes à fils, à gaine ou à tige) ; elles sont fixées à une perche qui peut être combinée avec des fils ou des tiges permettant d'affiner la manipulation. Les poupées mesurent entre 40 cm et 1,15 m haut. La scène, installée en plein air sur une mare ou un étang, représente généralement un temple qui dissimule les manipulateurs installés dans l'eau jusqu'à mi-corps. Le répertoire comprend environ deux cents scènes et pièces traditionnelles dans lesquelles la manipulation des déesses et immortelles, des bouffons, des paysans et pêcheurs, des animaux domestiques, sauvages et fabuleux, est associée à des effets pyrotechniques : pétards, feux d'artifice, dragons cracheurs de feu? Les textes sont racontés, déclamés et chantés sur l'accompagnement d'un petit orchestre installé au bord du plan d'eau. "

    Pr. Dr. Tran-Van-Khe - Les marionnettes sur eau du Viêt-Nam

Opéra réformé ou rénové

Cai-Luong

  • Pièce de Cai-Luong

    Issu de l'évolution du théâtre classique Tuong, le Cai-Luong vit le jour au début du XXème siècle pendant la colonisation française dans le Sud du pays et dans le sillage d'une renaissance musicale destinée à répondre aux besoins de divertissement, d'expression et de loisirs, auprès de la nouvelle petite-bourgeoisie citadine.

    Ce théâtre musical s'inspire du modèle occidental et accorde une place primordiale au dialogue, offrant ainsi plus de réalisme et de rationalisme dans son genre. Les pièces de Cai-Luong, assez complexes et souvent larmoyantes, se basent essentiellement sur des faits historiques d'antan, mais traitent également des histoires d'amour romanesques, ainsi que des relations sociétales ou des sujets d'actualité. Il existe donc principalement deux types de Cai-Luong : Cai-Luong Tuong-Co (à l'ancienne) et Cai-Luong Xa-Hoi (plus moderne). La musique d'accompagnement puise dans la musique traditionnelle du Sud Vong-Co (littéralement, " la nostalgie du passé "), ainsi que dans les répertoires étrangers après l'adaptation en vietnamien, en incluant systématiquement des cithares, des calebasses monocordes et des guitares électriques vietnamisées.

Théâtre-parlé

Kich-Noi

  • Pièce de théâtre

    Né sous l'influence du théâtre français, ce genre dramatique s'est fortement développé dans les années '50-'60. Les pièces de Kich-Noi ressemblent à celles jouées sur les scènes artistiques contemporaines à travers le monde.

Musique et Danse


Etant pentatonique et marqué par l'intonation de la langue et des choix harmoniques, le patrimoine musical traditionnel du Viet-Nam se révèle extrêmement varié en vertu de la diversité géographique et ethnique du pays entre le Nord et le Sud, ainsi qu'entre les zones montagneuses et les plaines côtières.

  • Femme à la cithare

    L'origine des traditions musicales et chorégraphiques vietnamiennes remonte au néolithique (instrument de percussion lithophones) et à l'âge de bronze (gravures sur les tambours). Dans le Viet-Nam féodal, à partir du Xème siècle, les troupes de théâtre se produisaient à l'occasion des cérémonies rituelles, des audiences royales et des fêtes de la cour.

    La musique traditionnelle possède un style et une instrumentation créatifs et originaux. Les chants folkloriques, très florissants, ont un cachet rural et régional : Quan-Ho, Ca-Tru, Chau-Van dans le Nord, Ca-Hue, Nhac-Le, Nhac-Cung-Dinh dans le Centre, Ly, Ho, Ru, Nhac-Tai-Tu dans le Sud du pays. Ainsi servent-ils de support pour exprimer les sentiments et émotions universels : l'amour de la nature, la lutte de la vie quotidienne, l'attachement à la terre natale, etc. Les chants alternés entre les artistes hommes et femmes étaient souvent improvisés en vers de 6-8 syllabes Luc-Bat. Quel que soit le style, la musique vietnamienne est caractéristique en ce sens que la mélodie chorale est contrainte aux tons des paroles et que les instruments musicaux visent essentiellement à accompagner les intonations linguistiques et les inflexions mélodieuses.

  • Danse des chapeaux

    Les danses folkloriques se développent particulièrement parmi les ethnies minoritaires. Les plus caractéristiques sont celles des Thai, des H'mong et des peuplades des hauts-plateaux du Centre du pays. Les formes de danse traditionnelle vietnamienne est une synthèse originale des inspirations des peuples autochtones, des communautés locales, ainsi que de la culture chinoise et indienne. Ces diverses influences ont constitué au cours des temps le fondement de l'identité, l'héritage intrinsèque et indissociable de l'univers de cérémonie et de convivialité du peuple vietnamien.

    En parallèle à la musique et la dance, les fêtes traditionnelles se déroulent tout au long de l'année, notamment au printemps et à l'automne. Les deux les plus populaires de nos jours sont :

    • La danse des Lanternes, qui a lieu, lors de Tet Trung-Thu, i.e. la fête de la Mi-automne, pendant la pleine lune du 15ème nuit du 8ème mois de l'année lunaire ;
    • Mua-Lan-Su-Rong, la danse des Licorne-Lion-Dragon, laquelle est célébrée anuellement lors des vacances de Tet Nguyen-Dan, i.e. à l'occasion du Nouvel An lunaire.

    A partir des années '30, la musique et la danse contemporaines inspirées des cultures occidentales ont vu le jour. Ce récent patrimoine artistique a continué à se développer depuis. De nouveaux genres plus ou moins aptes à refléter la nouvelle génération ont fait leur apparition : la V-pop ou musique pop vietnamienne a longtemps été prédominée par les deux compositeurs Pham-Duy et Trinh-Cong-Son ; tandis que le rock vietnamien des années '90-'00 prend encore pour modèle des groupes de metal et autres courants dérivés du rock européen et nord-américain.

Peinture


Née avec la création en 1925 à l'époque de l'Indochine française de l'Ecole des Beaux-Arts du Viet-Nam Truong Dai-Hoc My-Thuat Viet-Nam, la peinture contemporaine prend la relève en perpétuant les traditions nationales. La toute première génération d'artistes a su renouveler cet art ancestral avec l'apport des techniques de la peinture occidentale (huile, perspective, impressionnisme, etc.) ouvrant ainsi la voie à un style d'art moderne spécifiquement vietnamien. Depuis lors, la peinture vietnamienne a connu un véritable essor et une évolution sans précédent.

Estampes populaires

Tranh Dan-Gian

  • Peinture populaire de Dong-Ho

    Ces peintures populaires, apportant Bonheur, Prospérité et Longévité selon la croyance vietnamienne, apparaissent souvent pendant la période des fêtes, en particulier, à l'occasion du Nouvel An lunaire Tet Nguyen-Dan.

    On distingue deux catégories d'imagerie parmi les plus célèbres : d'abord, les peintures du village de Dong-Ho (Province Bac-Ninh) qui sont surtout connues pour ses gravures sur bois peintes. Il s'agit des dessins naïfs et votifs sur des thèmes d'activités quotidiennes, d'allégories folkloriques, de personnages historiques, etc. et d'autre part, les estampes de Hang-Trong à Ha-Noi qui illustrent essentiellement des paysages narurels et des scènes religieuses ou légendaires. Elles sont en général d'un style plus sobre, plus raffiné que la peinture de Dong-Ho.

    Ces arts populaires, très florissants pendant plus de cinq siècles, sont aujourd'hui menacés de disparition.

Peinture sur laque

Tranh Son-Mai

  • La laque est considérée comme l'un des matériaux majeurs de la peinture vietnamienne ; il en existe deux sortes :

    • La classique et traditionnelle laque noire, réputée pour sa sobriété et son élégance,
    • La laque de couleurs, plus chatoyante, plus riche et innovante que la première.

    Tableau en laque inscrusté de nacre

    La laque brute, de couleur ivoire, est une résine latex très toxique extraite du toxicodendron succedaneum, le fameux " arbre à laque ". Après filtrage et purification, cette sève résineuse peut être utilisée nature ou colorée (traditionnellement en noir ou rouge), et une fois séchée, elle forme un film insoluble et sans pores. Appliquée sur le bois, elle le rend imperméable, permet d'accentuer les traits et les contours, ainsi que d'intensifier le contraste et la saturation des autres colorations.

    La peinture sur laque nécessite de la patience. La qualité de la laque est déterminée par le nombre de couches poncées et superposées, 10-15 au minimum. Ainsi, la superposition des couches de peinture de couleurs différentes permet des effets artistiques de dégradés. S'en suit la phase de peinture et d'incrustation (de nacre) avant la couche de finition incolore. La palette de couleurs est obtenue en fonction des matières naturelles (pierres, argent, or, coquille d'½uf, coquilles de certains mollusques...) ou chimiques incorporés (de l'oxyde de fer pour le noir, du sulfure naturel de mercure pour le vermillon, du sesquioxyde de fer pour l'ocre rouge, du sulfure d'arsenic pour le jaune, mélange de jaune et de noir pour le vert, etc.).

    Sans cesse en innovation, les artistes contemporains ont réussi à transformer cet artisanat traditionnel et populaire en un art pictural moderne capable de refléter la réalité et d'exprimer en demi-teinte les sentiments les plus subtils.

Peinture sur soie

Tranh Lua

  • Peinture sur soie

    Cette forme d'artisanat millénaire, réputée pour ses thèmes poétiques, ses textures douces et ses couleurs vibrantes, ne cède en rien aux autres quand il s'agit d'illustrer les scènes glorieuses de l'histoire, la douce beauté des femmes et des paysages, le simple bonheur de la vie et du travail. Aujoud'hui, elle trouve aussi sa voie dans le réalisme.