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Cher Minh-Triêt Pham, que j’aime partir en voyage avec vous !
Je sais que vous allez remplir notre besace d’images et de mots capables d’emporter même les plus indolents voyageurs. Ce voyage en Bavière tient ses promesses, comme tous les autres.
Ainsi que le fait l’escargot, sur un vieux toit, nous donnerons le temps au temps, pour être plus forts, pour aller plus loin. Car à peine partis, nous allons tomber dans les ravins et nous rouler dans les trèfles à quatre feuilles, crier pour déplacer les montagnes, déguster de riches nourritures aux noms imprononçables, avoir chaud, avoir froid, remonter les cascades, fondre dans le fleuve de ses larmes, sans oublier d’aimer et de partager ces délicieux instants, sans oublier de vivre tout simplement. Peut-être même ce voyage nous emmènera-t-il au-delà de cette incroyable nature, au sommet des châteaux et sous les dalles des pierres tombales. Même pas peur !
Tout le paradoxe de l’éphémère et léger coquelicot, secoué par la violence et le vent du torrent sous le déluge, se reflète dans vos haïkus et l’on plonge avec volupté et légèreté dans les oxymores, comme on plonge dans tous vos voyages, avec sensualité, humour, sagesse et folie. Se laisser porter par les orages, méditer près d’un plan d’eau, assembler le jour et la nuit, rien n’arrête votre plume et la profonde richesse de votre esprit.
Parce que vous nous apprenez à respirer le bleu du paysage, comme vous, je vais poser mon salon en pleine nature sous l’odeur exotique du crachin, et, au son du tonnerre, lancer mes pas qui résonneront dans toute la forêt. Je suis prête. Je le crie. J’entends l’écho qui m’appelle. Je le poursuis. Jusqu’où me mènera-t-il ?
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Préface de Christiane Angibous-Esnault
Auteur jeunesse, poète et photographe.
Créatrice du Salon des Muses.
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L’écho de nos pas et celui de nos voix ont traversé les paysages de Bavière. Cependant, avant de revenir chez nous, ne refermons pas trop vite cette randonnée terrestre et spirituelle. À l’image de la sagesse asiatique et des élans romantiques que Minh-Triêt Pham combine harmonieusement dans ces haïkus, descendons avec douceur.
Retournons-nous vers le passé des pages avalées à grandes foulées. Prenons le temps d’apprécier les moments poétiques du haïjin. Intriqués entre culture, paysages, humour, sensualité et instantanéité, savourons les duos visuels-textes qu’il nous offre. Retournons-nous vers l’Histoire que ces moments nous racontent.
Dans une lecture à voix haute, faisons tourner chaque lettre pour mieux recomposer l’escalier des mots de l’esprit de Minh. Questionnons-nous sur le sens profond de ces moments pour mieux apprécier le multivers que chacun des pas du haïjin a foulé. Une nouvelle randonnée nous attend en pensées sur les traces de Minh.
À rebours de notre chevauchée, concentrons-nous sur ses images mentales en remontant le poids des montagnes (p. 253), au bruit de ses pas (p. 171) et au son des fontaines (p. 31). Ravissons-nous de sa sensualité où les éléments se personnifient pour le baiser (p. 61), l’enlacer (p. 109), le rudoyer (p. 207). Remplissons-nous de sa culture bavaroise qui comble chaque fissure (p. 219) de ses synapses montagnardes (p. 201), culinaires (p. 165), spirituelles (p. 113) et artistiques (p. 89).
En redescendant la montagne, de nouveaux horizons se sont offerts à nous. N’hésitons pas à faire comme l’escargot sur son toit : prenons tout notre temps (p. 29). Et si le temps d’aujourd’hui nous manque, qu’il est doux de savoir que nous pourrons reprendre le voyage autant de fois que désiré en compagnie de Minh-Triêt Pham pour apprécier, toujours un peu plus, l’intensité du moment volé.
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Postface de Dr Jean-Olivier Gransard-Desmond
Icono-archéologue.
Directeur de recherche chez ArkéoTopia.
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au-dessus de la rivière
suspendus dans mes pensées
le pont et mon Nikon
Imaginez un album-photo, souvenir d'un voyage dans les Alpes bavaroises, avec une légende à chaque photo.
château de Hohenschwangau –
pris d'assaut
par des hordes de visiteurs
Ou, imaginez un dépliant touristique de ces Alpes bavaroises avec des illustrations des principaux lieux ou monuments incontournables et quelques haïkus explicatifs en lieu et place d'un long discours.
À rebours de notre chevauchée, concentrons-nous sur ses images mentales en remontant le poids des montagnes (p. 253), au bruit de ses pas (p. 171) et au son des fontaines (p. 31). Ravissons-nous de sa sensualité où les éléments se personnifient pour le baiser (p. 61), l’enlacer (p. 109), le rudoyer (p. 207). Remplissons-nous de sa culture bavaroise qui comble chaque fissure (p. 219) de ses synapses montagnardes (p. 201), culinaires (p. 165), spirituelles (p. 113) et artistiques (p. 89).
En redescendant la montagne, de nouveaux horizons se sont offerts à nous. N’hésitons pas à faire comme l’escargot sur son toit : prenons tout notre temps (p. 29). Et si le temps d’aujourd’hui nous manque, qu’il est doux de savoir que nous pourrons reprendre le voyage autant de fois que désiré en compagnie de Minh-Triêt Pham pour apprécier, toujours un peu plus, l’intensité du moment volé.
face à la menace
des cavaliers noirs...
les tours blanches
(Schloss Neuschwanstein)
Tel est ce livre de l'auteur... sauf que certaines photographies ont été manipulées pour accentuer les couleurs (comme l'excès de bleu sur la couverture qui, renseignement pris auprès de l'éditeur n'est pas un défaut d'impression).
paysage marin –
photographier
le cri des mouettes
Les haïkus peuvent être classés en deux catégories principales.
Composés du nom de lieu en première ligne suivi d'une remarque en seconde partie, les premiers sont comparables à des cartes postales... parfois banales.
église de Wies –
dès l'entrée
un parfum de sainteté
D'autres, heureusement, sont de 'véritables' haïkus qui savent dénicher l'insolite dans la banalité du quotidien et révéler discrètement les émotions de l'auteur.
Comme dans la première catégorie où il oppose souvent la plénitude du lieu visité au vacarme des touristes, l'auteur joue fréquemment avec les contrastes : vieux/nouveau, grand/petit, froid/chaud, nature/humain...
château de Linderhof –
le calme du bassin avant
la tempête de touristes
ciel de crépuscule –
nos silhouettes s'unissent
à l'horizontale
J'ai une préférence pour cette seconde catégorie, même si je regrette que Minh-Triêt Pham ait succombé (dans 85% des cas environ) à la forme à la mode chez les haïjins français : une première ligne donne l'ambiance et les deux suivantes se focalisent sur un détail. Comme si Bashô n'avait écrit que le haïku de la grenouille !
lune cendrée –
toutes ces promesses
que je n'ai pu tenir
anniversaire –
mon thé vert
trop infusé
déluge –
la vanité
d'un coquelicot
vieille enseigne –
le restaurant propose
un nouveau menu
matin calme –
un cri de chocard
déplace la montagne
ronces en chemin –
je ne me suis pas rasé
ce matin
touffeur estivale –
ces effluves de pain grillé
des roches
les jours rallongent –
sur un vieux toit l'escargot
prend son temps
sentier sinueux –
trop souvent mes lacets
se dénouent
Pour ces haïkus pleins de délicatesse et de sensibilité, il est bon de cheminer un temps aux côtés de l'auteur.
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Dominique Chipot
Le livre de haïku francophone et de culture japonaise
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Sur les pas de Minh-Triêt Pham, j’ai pris la route des Alpes bavaroises. Un voyage riche en paysages, lieux emblématiques et monuments variés, comme en témoignent les quelque 130 photos et autant d’haïkus que l’auteur nous propose dans un recueil de qualité.
Quelques haïkus que j’ai particulièrement appréciés au cours de ce périple :
paysage marin -
photographier
le cri des mouettes
le ravin
dans lequel je suis tombé
rempli de trèfles à quatre feuilles
ronces en chemin -
je ne me suis pas rasé
ce matin
matin calme -
un cri de chocard
déplace la montagne
lune cendrée -
toutes ces promesses
que je n’ai pu tenir
Königssee -
les barques glissent
sur les rides du ciel
fin de voyage -
respirer une dernière fois
le bleu du paysage
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Michèle Lila Harmand
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