Paris, ma romance

Paris, ma romance, Unicité 2018

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Après nous avoir fait voyager de l’Alsace au Vietnam – et retour –, Christiane et Minh-Triết récidivent en nous conviant à une balade des plus surprenantes, à travers les arrondissements de Paris, pour le bonheur de la découverte ou redécouverte de lieux charmants, émouvants, et pour certains, chargés de siècles d’histoire ! Tout en rafraîchissant nos connaissances culturelles (littéraires, cinéphiles, chansonnières…), les deux auteurs nous entraînent dans une joute poétique, une flânerie parisienne agrémentée de magnifiques clichés.

Dans le registre historique, puis littéraire, puis musical, admirons ces « poèmes liés » avec beaucoup d’esprit par nos deux auteurs :

la Conciergerie
toujours présent le parfum
de Marie-Antoinette

place des Vosges
s’accorder une longue pause
chez Victor Hugo

à quoi répond :

sur un banc en tailleur smart
elle lit Les Misérables

ou bien encore :

quai des Orfèvres
du commissaire Maigret
guetter l’arrivée

et :

concert à l’Olympia
les papys en cuir clouté
rockstar attitude

de Bobino à Bercy
prendre de la bouteille

Nulles lourdeurs – malgré le sérieux, voire le tragique, de certaines évocations d’événements plus ou moins récents –, mais, très souvent, des observations tout en finesse, des notations légères, humoristiques, cocasses :

crue de printemps
les ponts de Paris inondés
de photographes

ou :

place de l’Opéra
deux moineaux esquissent
une chorégraphie

qui augmentent notre plaisir de parcourir avec eux des endroits plus ou moins célébrés de notre capitale.

Ce recueil prend donc la forme d’un renku, versets enchaînés, d’un auteur à l’autre, de la manière anonyme qu’ils avaient déjà utilisée pour leur précédent ouvrage commun. Il est parcouru également d’une bonne quarantaine de photographies-couleur (en mode « 3D »).

On ne peut qu’admirer leur maîtrise des liens entre les versets, voire d’une page à une autre (ex. pp. 53–55), ainsi que la force de leur écriture à deux mains :

autour d’un coupe-cigare
personne pour jouer le roi

place de la Concorde
où jadis tombaient les têtes
celles des touristes

Je ne peux évidemment pas conclure sans évoquer leur dernière page, en hommage au Kukaï de Paris :

au bistrot d’Eustache
après-midi d’évasion
Kukaï de Paris

y voir la vie aussi rose
qu’une fleur de cerisier

ponctuée d’une dernière photo de cet arbre en fleur devant la célèbre église Saint-Eustache, de retour au cœur même de Paris.

Merci les amis !

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Préface de Daniel Py
Co-fondateur de l’AFH - Association Française de Haïku et du kukaï de Paris.
Musicien classique et professeur de hautbois.




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Paris, innombrables fois chanté, raconté, peint, photographié et filmé. Avons-nous tout entendu, lu et vu ? Bien sûr que non et Minh-Triêt Pham et Christiane Ranieri, nous en donnent la preuve. Poètes de haïku avérés, ils nous racontent Paris en renku : une suite de tanka dont les tercets et les 41 61 distiques écrits à deux mains, s’accordent à la perfection.

se laisser glisser
le long des musts touristiques
croisière sur la Seine

du haut de la Tour d’Argent
le luxe du panorama

hôtel de Sens
m’interroger sur le sens
de ma vie

devant le sens interdit
peser le pour et le contre

Arc de Triomphe
le ravivage de la flamme
et de nos mémoires

en plein milieu du trafic
repos du soldat inconnu

Ne manquez pas cette balade poétique à travers Paris, unique dans son genre !

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Eléonore Nickolay
Gong, revue francophone de haïku, N°61 Octobre-Décembre 2018




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Ce recueil est conçu comme une visite de Paris. On déambule et on flâne dans la ville.

C'est une suite de petits tableaux, comme des regards sur les lieux, un grand brassage d'images. Il y a donc deux niveaux de plaisir : d'abord le motif local puis l'impression générale laissée par le recueil, lequel forme alors un renku au sens large.

Du point de vue technique, il s'agit de répons entre deux auteurs. Formellement, il s'agit des deux parties d'un tanka. Un haiku suivi en répons d'un distique. Les deux parties forment un tout, mais la première aussi. La seconde partie, continue le discours sur un autre thème ou sujet tout en partageant une partie des sèmes de la première. A noter, ici, que l'on ne sait qui écrit quelle partie.

La technique est difficile. Il ne s'agit pas d'un tanka, et les auteurs sont différents. La force de cette écriture vient de l'amusement que l'on a à découvrir le rebondissement et la tournure prise par la seconde partie. Celle-ci n'est ni une explication, ni une chute. Elle constitue une réponse, souvent humoristique, parfois grave, toujours inattendue à la première, et complète l'image du discours.

Cette disposition est propice à un discours à deux niveaux. Une césure formelle en surface (deux sujets), une continuité profonde dans le discours sémantique (fil conducteur).

Un recueil plus complexe qu'il n'en a l'air. Une lecture riche et très amusante. Certaines allusions ne sont cependant compréhensibles que pour qui connaît Paris et son histoire.

J'ai bien aimé, entre autres :

Saint-Germain-des-Prés
l'air d'un requiem élève
le cœur des fidèles

point d'orgue de la messe
la sonnerie d'un portable

camion don du sang
sur le lieu du sang versé
place de Grève

fièrement brandi sur scène
son tee-shirt à tête de mort

quai des Orfèvres
du Commissaire Maigret
guetter l'arrivée

sur l'île de la Cité
la traque aux Pokemons

la Sorbonne en mai
à la place des slogans
des ombrelles à cocktail

sous la touffeur la foule
sur les pavés la plage

place de la Concorde
où jadis tombaient les têtes
celles des touristes

dans le fracas des klaxons
elle se racle la gorge

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Pas facile à recenser l’objet littéraire de Christiane Ranieri et Minh-Triết Phạm. Non pour sa grande qualité, mais pour sa forme particulière et sa densité. Dans ce recueil de renku enchaîné les auteurs redémontrent après Alsace Viêt-Nam toute leur maîtrise du genre et du sujet. On assiste à ce tac au tac de complicité et de défi caractéristique de l’exercice. On passe de l’érudition documentée, historique, culturelle, sociétale aux instants vécus, aux coïncidences heureuses. Le tout avec esprit et humour (et amour).

Il y a :

les faits historiques peu connus (de moi en tout cas) qui vous poussent à approfondir :

du pilier des Nautes
jusqu’à la tour Eiffel
prendre de la hauteur

depuis la tour Montparnasse
survoler la MGP *

(*) Métropole du Grand Paris

de l’humour avec les jeux de mots inévitables d’un esprit espiègle :

fontaine Saint-Michel
vivre d’amour et d’eau fraîche
eau non potable

s’étant fait poser un lapin
il noie son chagrin dans la pinte

des instants de détente :

bar en terrasse
prendre un Paris Cola
et un coup de soleil

lécher le sorbet passion
de la serveuse pulpeuse

des références littéraires :

Notre-Dame de Paris
faire vibrer les cloches
et Esmeralda

à jamais sur les gargouilles
la dégaine de Quasimodo

des références culturelles :

prise de selfie
elle sourit dans mon dos
la Mona Lisa

dans les entrailles du Louvre
sur les traces de son spectre*

(*) Belphégor

etc.

Bref une balade jouissive entre passionnés qui m’a passionné. Et, cerise sur le gâteau, dans une édition de luxe sur papier glacé avec photos en 3D car les deux auteurs sont aussi d’excellents photographes.

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Jean-Paul Gallmann
Publication Facebook




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Avec « Paris ma romance », Minh-Triết Phạm et Christiane Ranieri nous invitent, en poésie et en photos, à une balade dans des lieux emblématiques ou moins connus de la capitale. Une balade originale puisqu’en renku, un enchaînement de tankas où chaque auteur écrit en alternance un tercet de 17 syllabes et un distique de 14 syllabes. Ici, l’un et l’autre se répondent avec une harmonie certaine, parfois teintée d’humour voire d’espièglerie. Au final, une sortie bien agréable et enrichissante.

Extraits :

quai des Orfèvres
du Commissaire Maigret
guetter l'arrivée

sur l'île de la Cité
la traque aux Pokemons

hôtel de Sens
m’interroger sur le sens
de ma vie

devant le sens interdit
peser le pour et le contre

Pitié-Salpêtrière
une petite fille chauve
joue à la princesse

autour des massifs en fleurs
un homme fait les cent pas

sous la tour Eiffel
sur la poitrine d’une touriste
I❤️NY

plus de réseau demander
son chemin aux pigeons

grève des transports
les Stones au Stade de France
no satisfaction

équinoxe de printemps
et ce Transilien qui rame

"

Michèle Lila Harmand
Publication Facebook